2001-2011, 10ème anniversaire de la troupe

Générique

Mise en scène, régie plateau & scénographie: Alain Grand
Lumières: Marc Boyer
Costumes: Linda Guenin
Accessoires: Sandrine Tona
Maquillage: Marie-Luce Garcia
Montage sonore: Yannick Neveu
Décor: Martial Lambert
Musique: Dmitry Shostakovich, György Ligeti, Pyotr Ilyich Tchaikovsky, John Powell, James P. Johnson, Alma Latina, Ay Fiesta

Répertoire chanté: Edith Piaf La foule, Marlène Dietrich Lili Marlene, L’opéra de quat’sous Die Moritat von Mackie Messer
Graphisme publicitaire: Héloïse Pillet
Régie générale: Jacques Modoux, Loïk Derré
Technique: Yannick Gigandet
Montage film dvd: Matthieu Brülhart
Réalisation: Compagnie des Longues Fourchettes
Production: Collège du Sud, Théâtre du Latécoère

 

Les comédiens

  • Valentin Blein
  • Camille Sudan
  • Ana Fontes Martins
  • Marie Pasquier
  • Arnaud Defferrard
  • Thomas Roulin
  • Quentin Van Wynsberghe
  • Loris Grandjean Denervaud
  • Rozenn Derré
  • Sylvain Grangier
  • Elodie Colonello

Représentations

Scolaires
15 juin 2011
16 juin 2011

Publiques
17 juin 2011 – 20h00
19 juin 2011 – 17h00

Lieu : Salle CO2, La Tour-de-Trême

La pièce

NOUS, LES HÉROS ou les solitaires intempestifs de Jean-Luc Lagarce
(spectacle dédié à Michel Fau)

Lorsqu’ils sortent de scène, dans les coulisses, les acteurs de la troupe commencent leur vie, recommencent leur vie, leur vraie vie. Ils sont à nouveau eux-mêmes, c’est ce qu’ils veulent croire.

Comme chaque soir, toutes ces dernières années, cela ne s’est pas très bien passé. Ils sont fatigués, épuisés, déçus de la vie qu’ils mènent et peut-être devraient-ils renoncer ou partir vers de plus grandes villes pour tenter, à nouveau, sans les autres, une nouvelle aventure. Carrière solitaire.

Mais nous fêtons un événement important, cette soirée est une soirée particulière. La fille aînée des patrons de la troupe se fiancera, dans les coulisses, avec le jeune premier de la fin de l’acte un. Elle l’épousera, ils seront chefs du théâtre, ils joueront le répertoire de la compagnie, contre tous les aléas de l’existence, les hôtels mal chauffés, le petit personnel agressif des salles des fêtes de province et l’indifférence narquoise du public et des enfants imbéciles.

Demain, nous fuirons, mais ce soir encore, nous faisons semblant puisque nous ne savons rien faire d’autre.

Genèse de l’oeuvre

« Dans le Journal de Franz Kafka, à intervalles réguliers reviennent des anecdotes sur les acteurs juifs que le jeune homme regardait jouer. Ils vivent mal de leur art dans les brasseries de l’Europe centrale. Ils jouent de courtes pièces, étranges et mystérieuses, entrecoupées de chansons ou de petits numéros désuets. C’est du souvenir de ces anecdotes du Journal que naît ce texte… » C’est ainsi que Jean-Luc Lagarce présente son projet de pièce.

« Nous les héros » raconte l’histoire d’une troupe de théâtre, le temps d’une soirée de fiançailles. La représentation est terminée et les acteurs, dans une savante mise en abîme, redeviennent eux-mêmes, des hommes et des femmes en proie au doute et aux difficultés de la vie en commun.

L’action se situe quelque part en Europe centrale, à une époque indéfinie qui pourrait être les années 1930 ou 40, voire aujourd’hui. Dans cette pièce, écrite en 1994, Jean-Luc Lagarce évoque la précarité d’une petite troupe, entreprise familiale en difficulté, et, par là même, interroge l’existence du théâtre dans la société: « Trouver sa place » est l’enjeu de chacun, mais aussi de la troupe qui s’interroge sur son avenir proche et lointain.

En se fiançant avec Joséphine, fille du chef de famille et de la compagnie, Raban va devenir celui qui reprendra les rênes de la petite entreprise. De la sortie de leur spectacle à la fin du repas de fiançailles, tous les membres de la troupe deviennent, un instant, le personnage principal d’une scène dans laquelle ils s’affirment face aux autres. Au final, chacun aura eu sa part de lumière.

La pièce est riche, de contenu critique sur les tensions qui peuvent s’établir entre les acteurs d’une même troupe, les conflits de générations, les rapports de couple… Le contexte est lui-même insécurisant puisque plane la menace d’une guerre, ainsi que la concurrence des autres troupes, plus prestigieuses, dans les grandes villes.

Tout est ici ode à la fragilité, mais en même temps, encouragement au combat: on est encore loin de la déliquescence, même si les personnages s’interrogent entre rester et partir, et rester pour quoi faire?… Au cours de la soirée, l’alcool aidant, les tensions s’exacerbent et les masques tombent.

Les héros, ce sont les acteurs. Cette pièce réunit des personnages très différents. quatre femmes : la mère matrone, dominatrice, truculente; Joséphine, la fiancée, qui semble figurer une image décalée de la mère, parfois perdue, souvent excentrique; Mme Tschissik, une actrice allemande, un peu en marge des autres, pièce rapportée à la famille; Eduardowa, la jeune fille, à l’air un peu débile, rongée de tics, elle a peu de texte à dire, mais le dit très bien; Mademoiselle, le seul soutien de la mère, elle s’occupe de tout, elle rêve d’être artiste. Avec elles cinq hommes: le grand-père, très vieux et très sourd; Mr Tschissik, le mari de l’actrice allemande, très amoureux de sa femme; Le père, hypocondriaque, amoureux de la littérature; Karl, l’adolescent en révolte, en conflit avec sa famille; Max, l’ami de Raban, agnostique, un homme étrange; Raban, l’indécis, il n’aime pas Joséphine mais ne la déteste pas suffisamment pour ne pas l’épouser et devenir le chef de la troupe, si précaire soit-elle.

Biographie de l’auteur

Quand Jean-Luc Lagarce est mort (du sida) le 30 septembre 1995, c’était un metteur en scène connu mais un auteur encore méconnu. Certes, plusieurs de ses pièces avaient été jouées avec succès mais d’autres étaient restées dans le tiroir ou incomprises. Sa notoriété n’a cessé de croître depuis sa disparition et aujourd’hui Jean-Luc Lagarce est considéré comme un auteur classique contemporain, à l’instar d’un Bernard-Marie Koltès (mort du sida peu avant Lagarce) dont la notoriété a été plus précoce grâce à l’aura de Patrice Chéreau, qui montait ses pièces. Lagarce, lui, montait les siennes.

Si Lagarce n’a pas été reconnu de son vivant comme un auteur important, c’est peut-être que le langage théâtral de ses pièces était trop en décalage, trop novateur. Aujourd’hui, c’est l’un des auteurs coqueluches des cours d’art dramatique, un auteur chéri des troupes amateurs et de plus en plus prisé par les meilleurs metteurs en scène, toutes générations confondues. Il est traduit dans une quinzaine de langues. Les colloques, les études universitaires et les publications se multiplient. En 2008, l’une de ses pièces sera créée salle Richelieu, la grande scène de la Comédie-Française.

Jean-Luc Lagarce est né le 14 février 1957 – il aurait donc eu 50 ans en 2007 – dans le pays de Montbéliard, en Franche-Comté et a passé toute sa jeunesse à Valentigney, une petite bourgade, fief des usines automobiles et des cycles Peugeot où ses parents travaillaient comme ouvriers; il est aussi le rejeton d’une culture protestante. Au collège, une femme, professeur de français-latin, initie les élèves au théâtre: Lagarce, 13 ans, écrit pour la classe sa toute première pièce (perdue). A 18 ans, son baccalauréat en poche, il part vivre à Besançon, la grande ville de la région, s’inscrit à la faculté de philosophie et au conservatoire d’art dramatique de la ville. Bientôt, avec quelques élèves du conservatoire, il fonde une compagnie amateur, la Roulotte, nom qui rend hommage à Jean Vilar. Parallèlement Jean-Luc Lagarce travaille à un mémoire universitaire sur le thème « Théâtre et pouvoir en Occident ». Quelques années plus tard, il abandonne l’université ses études (et un travail en cours sur le marquis de Sade) pour se consacrer entièrement au théâtre: sa compagnie devient professionnelle. La Roulotte est basée à Besançon, mais n’a pas de lieu propre excepté un bureau. Elle répète où elle peut et est hébergée le temps d’un spectacle dans les théâtres de la ville. Dès lors, Jean-Luc Lagarce va mener une double vie d’auteur et de metteur en scène.

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