Un lac apparaît en Gruyère

La création du Lac de la Gruyère, mis en eau en 1948, a changé de manière significative le paysage gruérien. 10 km2 de terres sont englouties, 15 communes sont touchées et 150 habitants ont dû quitter leur maison. Et pourtant la création du lac n’a soulevé que très peu d’oppositions. Lors du vote sur la construction du barrage, qui devait faire naître le lac, seuls 7 députés y étaient opposés mais la décision finale a été unanime. Pas de Nicolas Chenaux, cette fois-ci pour défendre la Gruyère contre les intérêts supérieurs du canton. On peut s’en étonner quand on voit les résistances qui se développent actuellement contre toutes les formes d’atteinte au paysage – le débat sur les éoliennes en est un exemple flagrant –.
Si la Gruyère ne s’est pas insurgée contre la modification de son paysage, elle a aussi mis du temps à s’approprier son lac et à le valoriser. Ce lac, dans un pays de montagne où on ne rencontre que des « gouilles » a suscité d’abord des méfiances et des peurs. Gruérien d’adoption depuis les années 80, je me souviens de mises en garde dont j’avais souri à l’époque : « attention, il ne faut pas trop se baigner dans ce lac, il y a des tourbillons ». Les rives n’étaient pas aménagées, on commençait de les fréquenter : quelques dizaines de baigneurs au bas de Gumefens, à Morlon ou Corbières et quelques pêcheurs profitaient de ce plan d’eau. Je me souviens d’un touriste allemand qui passait par le restoroute de la Gruyère et qui séduit par le lac et son magnifique paysage en arrière-plan s’était arrêté et avait péniblement trouvé l’accès aux rives. Il s’étonnait fort de voir qu’un si beau plan d’eau n’était pas aménagé. En Allemagne, on savait le faire depuis longtemps.
C’est à cette période que le club de voile de la Gruyère a été créé et il a fallu attendre 2008 pour qu’un sentier soit aménagé sur ses rives. Encore aujourd’hui, l’aménagement des rives est assez rudimentaire et mériterait mieux. Par contre, il est certain que le lac et son paysage sont devenus un symbole de l’identité gruérienne, celle qu’on vend en cartes postales et dépliants touristiques à l’étranger et celle qui désormais est au cœur de chaque Gruérien.
L’exposition du Collège du Sud « Histoire d’eaux », agrémentée de documents vidéo, d’interviews de personnes qui ont vécu la naissance du lac, d’un film de Karine Sudan « histoire d’un lac » raconte avec bonheur cette histoire.

Ont contribué à la réalisation de cette exposition Carmen Buchillier, Emilie Lopes-Garcia, Maxime Mazzocato, Florence Chardonnens, Claude Ruffieux, Serge Rossier et les élèves de 1re EC.

Charly Mauron

Photos du vernissage et flyers d’invitation