Le sujet est devenu très à la mode depuis l’élection du Président américain Donald Trump. Ce dernier est accusé par les médias, en particulier CNN, de collusion avec les Russes, qui auraient par ailleurs favorisé son élection en répandant des « fake news » nuisant à la réputation de Mme Clinton. De son côté Trump accuse CNN de répandre des fake news à son sujet. Qu’en est-il au juste?

Réalité, vérité et Internet

Wolf Singer, neurophysiologiste à l’Institut Max Planck définit la réalité comme une perception ressentie de la même façon par la majorité. Dire de la réalité qu’elle est une perception, c’est la placer d’emblée dans le domaine de la subjectivité. C’est aussi une façon de dire que la réalité n’est pas accessible et que ce sont les perceptions que l’on peut analyser.

De nombreuses études et expériences ont montré que notre cerveau ne percevait que très partiellement la réalité, parce que les sens sont limités et que notre cerveau se focalise sur certains éléments et en ignore certains autres. S’ajoutent encore tous les biais cognitifs qui créent un filtre entre la réalité et l’image que nous en avons. Voir par exemple : http://www.journaldunet.com/management/efficacite-personnelle/biais-cognitifs/

S’il faut donc déjà se méfier de nos sens quand ils nous donnent à percevoir une réalité, il faut évaluer avec davantage de prudence encore des informations que nous tirons de la toile. D’abord parce qu’elles constituent une réalité déjà médiatisée par d’autres individus qui en ont fait une lecture plus ou moins subjective et biaisée et ensuite parce que ces informations publiées sur la toile sont à leur tour multipliées et déformées par les milliers d’internautes qui les transmettent, les transforment ou les manipulent intentionnellement ou pas.

La vérité, dans les médias, pourrait se définir comme la tentative, la plus honnête possible, de dire le monde tel qu’il apparaît à ceux qui le racontent. Si certains en font un idéal, d’autres s’en moquent. Comment donc ne pas tomber dans les pièges des manipulateurs, repérer les erreurs des ignorants et toutes les distorsions que l’opinion des foules ou les technologies d’internet nous imposent.

« Telle a été cette journée en Suisse et dans le monde, à notre connaissance. »

Cette phrase célèbre nous montre un journaliste humble et conscient de la difficulté de sa tâche. Elle est de Pierre-Pascal Rossi, présentateur du Journal télévisé de la TSR de 1982 à 1989.

« fake news » et autres

  • Les fausses informations
    Ce sont des publications fausses non intentionnelles parce que les faits relatés n’ont pas été vérifiés avec suffisamment de sérieux, par exemple. Elles ne procèdent pas d’une volonté délibérée de nuire mais sont les conséquences de négligences ou d’incompétences de ceux qui les publient.
  • Les fake news
    Ce sont de fausses informations intentionnelles visant généralement à modifier l’opinion publique pour en tirer avantage. Mme Clinton aurait été victime de fake news qui auraient conduit à sa non-élection à la Présidence des Etats-Unis en 2016.
  • Les hoax
    Ce sont des canulars plus ou moins drôles ou malveillants diffusés par courriel qu’on demande aux destinataires de faire suivre (messages de solidarité, fausse information concernant un virus, etc.)
  • Les pièges à clic
    Ce sont des informations people (comme dans la presse à sensations) qui exagèrent ou dramatisent des faits, ou encore des faits divers croustillants qui incitent l’internaute à cliquer. Le nombre de clics augmente la présence du site sur Internet et favorise ainsi le sponsoring publicitaire.
  • Les bulles de filtres
    Ce sont des algorithmes qui génèrent l’apparition de liens, sur la page Internet consultée, qui touchent le même domaine que les liens sur lesquels l’internaute vient de cliquer. L’internaute est ainsi bercé dans une bulle qui le conforte dans ses choix matériels ou ses opinions (vous venez de chercher un comparatif d’appareils photos et on vous propose ensuite une foule de publicités sur des appareils photos).

Comment repérer le vrai du faux?

  • Identifier les sources de l’information (source officielle / site perso ou non identifiée)
  • Identifier les auteurs (presse classique / organes de propagande, groupes d’intérêts)
  • Croiser les sources : une information qui se trouve sur plusieurs sites sérieux a des chances d’être vraie
  • Vérifier à l’aide de sites comme www.lemonde.fr/verification

 

Charly Mauron,
page inspirée de la revue « enter », guide des médias numériques 10/2017, éditée par Swisscom